Nos abeilles meurent de faim

Publié le par Dan Failler

Dans le Val de Bièvre, nos abeilles meurent de faim car les apports en nectar fourni par la végétation locale ne suffisent plus pour alimenter les besoins des colonies d'abeilles domestiques.

Ce qui nous alerte c'est la baisse des récoltes, régulière, lente mais inexorable. Nous sommes des apiculteurs amateurs qui étudions l'apiculture, pas des "productivistes" qui vivent de leur vente de miel. Cependant, cette baisse de production est un signal qui confirme la dégradation des conditions de vie de nos apidés et leur avenir incertain.

Les hausses ne se remplissent pas correctement depuis deux années et les périodes de disette sont de plus en plus fréquentes et longues. Nos abeilles sont élevées "sous perfusion" et ne vivent que par des compléments de nourriture artificielle : le sucre de betterave.
 

Des hausses qui tardent à se remplir en juin et restent non operculées trop longuement empêchent les récoltes.
Des hausses qui tardent à se remplir en juin et restent non operculées trop longuement empêchent les récoltes.

Des hausses qui tardent à se remplir en juin et restent non operculées trop longuement empêchent les récoltes.

Cela nous conduit à faire des choix draconiens. Nourrir avec du sirop ou laisser les colonies mourir de faim dans leurs ruches dans les périodes critiques ?

Les raisons de la catastrophe annoncée sont dues entre autres à la disparition ou diminution progressive des ressources mellifères.

Plusieurs raisons à ce phénomène :

- Des fauches de trèfle, pissenlit et autres fleurs spontanées, dans les parcs et jardins sont réalisées systématiquement en pleine floraison. Cette rupture totale et brutale de ressources crée un traumatisme pour l'environnement. Toute une chaîne de vie est stoppée net.

- L'implantation de plantes non nectarifères ou non pollinifères dans les programmes fleurissement des villes alentour (pour obtenir la fameuse troisième ou quatrième fleur du programme "ville fleurie"). Les plantes choisies sont stériles (hybrides et élevées sous serre) n'attirent pas suffisamment les insectes et sont gourmandes en eau).

- La disparition ou diminution de friches délaissées. En effet la densification du tissu urbain a considérablement réduit les espaces inoccupés. Le tiers paysage est pourtant riche en diversité floristique comme le lierre ou les ronces par exemple. Ce tiers paysage défini par Gilles Clément, écrivain, entomologiste, paysagiste, ingénieur agronome, botaniste et auteur entre autres du Manifeste du tiers-paysage, mériterait un intérêt plus important. Les Butineurs du Val de Bièvre proposent de les mettre en valeur en les aménageant d'une façon écologique et les classant "réservoirs de biodiversité".

 

Les tontes de pelouses se font toujours aux beaux jours au meilleur de la floraison et cela dans tous les parcs. Une habitude néfaste aux insectes butineurs.
Les tontes de pelouses se font toujours aux beaux jours au meilleur de la floraison et cela dans tous les parcs. Une habitude néfaste aux insectes butineurs.

Les tontes de pelouses se font toujours aux beaux jours au meilleur de la floraison et cela dans tous les parcs. Une habitude néfaste aux insectes butineurs.

- La diminution et le grignotage des espaces verts dus à des travaux en tout genre pour développer les moyens de communications ou construire des complexes immobiliers.

- Des compensations biodiversité inappropriées, oubliées et sans suivi dans le temps par les services en charge de les mettre en place.

La combinaison avec d'autres paramètres aggrave la situation.

- L'utilisation de biocides répandus sur tout le territoire en toute bonne foi car "ceux-là" la loi les autorise. Les dommages sur les insectes sont identiques.

- Le nombre de ruches sur le territoire est excessive. Le nectar est une ressource qui se partage, mais la quantité est limitée selon les miellées pour des raisons, météorologiques mais aussi de concurrence entre abeilles.

- Nous devons nous remettre en cause. Les Butineurs s'engagent de plus en plus dans une apiculture écologique après plusieurs années de tâtonnements et de recherche. L'utilisation du sucre, des traitements chimiques, les récoltes au détriment des réserves d'hiver deviennent des pratiques qui affaiblissent les colonies sur le long terme.

L'apiculture de façon industrielle est une pratique contraire aux activités de défense et de respect de l'environnement. Heureusement, les abeilles restent un apport de nourriture pour les oiseaux, d'autres insectes et peut-être les humains demain.

Nous ne pouvons plus espérer des récoltes de miel abondantes dans le Val de Bièvre dans les conditions actuelles.

 

Un employé épandeur de biocide, croisé en octobre sur le Coteau de Cachan. Une abeille sur le lierre. observez la langue qui récolte le nectar. les produits sont déversés sur le lierre pour le détruire.
Un employé épandeur de biocide, croisé en octobre sur le Coteau de Cachan. Une abeille sur le lierre. observez la langue qui récolte le nectar. les produits sont déversés sur le lierre pour le détruire.

Un employé épandeur de biocide, croisé en octobre sur le Coteau de Cachan. Une abeille sur le lierre. observez la langue qui récolte le nectar. les produits sont déversés sur le lierre pour le détruire.

Publié dans Apiculture

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